Historique C’est en 1907 que Jean-Émile Kerkhoff (1859-1921), facteur d’orgues renommé établi place Masui à Bruxelles, réalisa l’orgue monumental.
Orgue pneumatique à trois claviers (dont deux expressifs) et un pédalier de 41 jeux (dont plusieurs dédoublés), construit selon le système breveté de Kerkhoff.
Le buffet, comme l’atteste une inscription au bas du meuble, fut construit et sculpté par le menuisier Joseph Van Tuyn, dont l’atelier était établi 178 rue Verte à Bruxelles.
Ces deux artisans étant voisins de l’église Sainte-Marie, il est évident qu’ils eurent à cœur de réaliser ici des ouvrages d’une qualité exceptionnelle.
En ce qui concerne l’orgue même, on peut affirmer qu’il s’agit ici du chef-d’œuvre de Kerkhoff.
Le devis d’origine, daté du 4 juin 1906, est conservé dans les archives de la fabrique d’église.
Il nous apprend que le prix de l’orgue s’élevait à 36.000 francs.
Une plaquette de cuivre, apposée sous la façade de tuyaux, atteste qu’il s’agissait d’un don de la famille Spilliaerdt-Caumax.
À quelques détails près, l’orgue correspond au devis.
La composition proposée était celle de l’orgue livré par Kerkhoff en 1904 en la basilique Saint-Martin à Liège, augmentée d’un jeu de Violoncelle à la Pédale.
Le 28 juillet 1907 eut lieu l’inauguration par Arthur Van den Plas (organiste titulaire), Henry Seure (maître de chapelle) et Alphonse Desmet (organiste de l’église Saint-Servais).
L’orgue fut ensuite entretenu régulièrement par la Maison Kerkhoff (Émile-Henri Kerkhoff avait succédé à son père à la mort de ce dernier) jusqu’en 1949.
Les archives de cette manufacture, conservées depuis 1922, nous apprennent qu’en 1928 un ventilateur électrique fut placé et que l’on répara les charnières de l’une des quatre pompes de la soufflerie.
Dans les années 1940, l’accord et des réparations mineures coûtaient de 400 à 500 francs par an.
En 1944, il semble y avoir eu un litige entre la fabrique d’église et le facteur d’orgues à propos du coût horaire de la main-d’œuvre pour l’entretien de l’orgue.
En 1949, la firme Loncke, d’Esen près de Dixmude, fut consultée pour une remise en état.
Son devis, qui s’élevait à 52.910 francs, n’a pas été retrouvé dans les archives de la fabrique d’église, mais bien dans les archives de cette manufacture.
C’est à la firme Van de Loo de Louvain que fut confiée la restauration de l’orgue en 1953, dans le cadre à la fois de l’année mariale et du centenaire de l’église.
Les travaux, dont le prix s’élevait à 79.000 francs, furent les suivants: remplacement des têtes des palettes aux trois claviers; remplacement des petits soufflets défectueux; nettoyage, accord et égalisation de tous les tuyaux internes; désoxydation des grands tuyaux en cuivre de la façade; modifications à la composition originale (remplacement de l’Eoline 8' du Positif par un Larigot 1'1/3 et de la Voix céleste 8' du Récit par une Tierce 1'3/5; à la Pédale, décalage du Violoncelle 8' en 4') et révision générale des mécanismes.
L’orgue ainsi restauré fut inauguré le 18 octobre 1953 par René Tellier.
Le 30 mai 1954, à l’occasion de la clôture des fêtes du centenaire de l’église, l’organiste titulaire Karel Van Audenhaege se produisit au cours de la Messe solennelle ainsi que dans un concert spirituel.
Le caractère sommaire des travaux (réalisés en un mois) - en particulier le non-renouvellement systématique des petits soufflets à l’intérieur des sommiers - se fit vite ressentir, et la dégradation constante de l’édifice n’arrangea rien.
L’orgue fut toutefois utilisé et entretenu jusqu’en 1965, quand l’édifice cessa de servir au culte.
Des traces d’interventions de fortune indiquent qu’à cette époque, l’instrument était sur le déclin et qu’une restauration fondamentale s’imposait déjà.
Le chef-d’œuvre de Kerkhoff faillit périr quand l’architecte de la restauration voulut faire table rase pour dégager la tribune.
On peut affirmer que c’est grâce à la sagacité de certains fabriciens - notamment maître Jacques Dupuis - et de M. Martin Kaufmann, facteur de clavecins et de pianos établi rue Royale, que l’instrument resta en place.
L’ASBL ”Les Amis de l’Église Sainte-Marie” joua elle aussi un rôle déterminant.
Par ailleurs, la publication par Jean-Pierre Felix d’un "Inventaire descriptif des archives des facteurs d’orgues Kerkhoff", complété par un plaidoyer pour ce type de facture et le style post-romantique, encore tant décrié il y a quelques années, apporta sa part pour la sauvegarde, alors qu’on détruisait sans pitié l’orgue de l’abbaye de Grimbergen, l’un des ”jumeaux” de celui de Sainte-Marie…
Aujourd’hui, le chef-d’œuvre de Jean-Émile Kerkhoff attend son restaurateur!
TRAVAUX
Année début 1953
Type de travaux Relevage avec modification de la composition
Nom du facteur Van de Loo
DOCUMENTATION
Type Archives
Titre "Inventaire descriptif des archives des facteurs d’orgues Kerkhoff"
Auteur Jean-Pierre Felix
Lieu Bruxelles
Particularités 1987
Type Article
Titre "Les orgues remarquables de l’église Sainte-Marie à Schaerbeek, toujours muettes"
Auteur Jean-Pierre Felix
Références L’Organiste, VII/2, pp. 2 et sq.
Type Article
Titre "Un espoir pour l’orgue Kerkhoff de l’église Sainte-Marie à Schaerbeek"
Auteur Jean-Pierre Felix
Références L’Organiste, XVII/01, pp. 22-26