Historique La Synagogue de Bruxelles succède à un plus petit bâtiment, construit en 1702 et détruit en 1956, qu'occupait la Communauté israélite de Bruxelles, place de Bavière, depuis 1834. Il est intéressant de souligner qu'en 1851, un orgue de six jeux avait déjà été commandé à la firme Merklin et Schütze pour cet oratoire.
Il est assez aisé de retracer l'histoire de l'orgue Pierre Schyven de la Synagogue, même si nous n’avons pas à ce jour le devis d’origine.
D'une part, le Musée juif de Bruxelles a conservé deux lettres de l'offre et de commentaires par Pierre Schyven, établi rue Franckaert, 25 à Ixelles, dans lesquelles il décrit notamment les jeux manquants qui étaient prévus dans son projet.
Par ailleurs, l'orgue a subi peu de modifications et certaines parmi celles qui ont été réalisées sont décrites dans le courrier de François Draps.
Enfin, l'instrument lui-même viendra témoigner, confirmer et compléter les données rassemblées dans les courriers.
A l'époque, la Synagogue possédait deux tribunes, dont la première est prolongée par des galeries le long de la nef principale. Sur la deuxième tribune est posé l'orgue qui s'élève encore au-dessus de la voûte de la nef. Ceci, ajouté à la distance entre l'orgue et les chantres, a fait dire à Pierre Schyven combien la place n'était pas des plus aisées, comme nous le verrons plus loin.
A la fin du XIXe siècle, vu l'affluence des participants aux cérémonies, une troisième tribune sera ajoutée sous les deux autres.
Une première lettre est datée du 27 septembre 1878 (quelques jours après l'inauguration de la Synagogue) et dans celle-ci, Pierre Schyven relate les conversations entre le Consistoire et lui-même ainsi que ses préoccupations quant à la qualité de l'instrument et l'état des travaux.
Il évoque d'abord les conversations qu'il a fallu "pour arriver au chiffre de dix-huit mille francs, chiffre le plus bas que nous ayons pu établir pour un orgue en rapport avec l'édifice et pouvant surtout vaincre par la puissance de ses jeux les difficultés acoustiques de l'emplacement actuel. Nous avons dû écarter, pour cette raison, les dépenses qui n'étaient pas absolument indispensables."
Par une deuxième remarque, Pierre Schyven souligne que "Pendant le cours des travaux, nous avons établi à nos risques & périls, une machine pneumatique pour adoucir la résistance des claviers réunis & donner plus de spontanéité aux mouvements du toucher des claviers.
Nous ne vous demandons aucune augmentation de prix pour cette addition, pour laquelle nous réclamons & recevons de nos autres clients, la somme de mille francs."
Un troisième aspect est essentiel pour connaître les jeux qui n'ont pas été placés : "Le même désir de vous livrer un orgue parfait nous a fait placer à titre provisoire un jeu de Flûte harmonique 8', au Récit. Il y a encore sur le sommier du même clavier une place libre pour une Trompette 8' & au clavier du Grand-Orgue une 3e place libre pour un jeu de Clairon 4'.
Si vous désirez garder le jeu de flûte harmonique 8' du Récit, il nous sera dû de ce chef la somme de mille francs, en plus du prix stipulé. Dans l'hypothèse contraire, nous enlèverons le jeu."
Le dernier point de la lettre dit : "Enfin nous vous avons engagé de prendre pour l'entretien de l'orgue un abonnement à forfaits à raison de deux cents francs par an, avec engagement de notre part de venir accorder l'instrument à toute réquisition."
Ce premier courrier met donc en évidence les raisons financières pour lesquelles l'orgue n'a pas été doté de ses trois derniers jeux, mais Pierre Schyven nous exprime aussi par son désir, ce à quoi l'instrument devait répondre à cet endroit.
Un autre courrier, daté du 14 novembre 1878, nous relate les travaux effectués à la réalisation du buffet.
D'une part, ceci nous confirme que c'est bien de cette année que date la construction de l'orgue et, d'autre part, il est démontré que le buffet n'a ici qu'un rôle principalement décoratif : "Nous avons mesuré exactement le nombre de mètres carrés qu'il faudrait pour envelopper l'orgue du Temple. Mon évaluation toute officieuse d'hier est un peu dépassée après examen sérieux."
Il propose ensuite deux prix: "1) Enveloppe en Sapin rouge du Nord 1re qualité, y compris les portes et serrures, épaisseur de bois ordinaire prix 560 francs.
2) Id en Sapin rouge du Nord 1re qualité, épaisseur 6/4 et 4/4 y compris portes, serrures, placement, 650 francs.
Ces boiseries avec épaisseur de 6/4 (pour 650 francs) seraient définitives pour les côtés de l'orgue et constitueraient déjà une partie de la dépense future."
Il semble qu'il est expliqué ici que l'enveloppe concerne en tout cas les côtés de l'orgue, et que la dépense future concernerait la façade supérieure qui, elle, est sculptée dans du bois de chêne. La visite de l'orgue nous fait apparaître que le bas est en sapin et le dessus en chêne.
L’instrument a été entretenu par la Maison Van Bever au moins de 1907 à 1931 au rythme de trois visites par an. Salomon Van Bever assura un petit relevage en 1915 pour un montant de 260 francs.
La lettre datée du 10 mai 1922 concernant l'orgue et qui provient de la Maison Van Bever-François Draps est importante à nos yeux pour "faire connaître le travail très nécessaire à y effectuer afin d'en améliorer le fonctionnement :
réparer les diverses fuites, nettoyer et corriger les soupapes de la soufflerie.
Réparer les garnitures de Pédalier et (revoir les) pédales des combinaisons.
Pour autant qu'elles soient accessibles, serrer les vis des fermetures, panneaux, équerres et pièces mécaniques.
Régler le mécanisme des claviers et du Pédalier.
Afin d'augmenter la force de la machine pneumatique, l'axe des leviers du Grand-Orgue et de l'accouplement seront déplacés.
Accorder les jeux de l'orgue.
Ce travail est estimé à la somme de quatorze cent francs."
L'avant-dernier point de ces travaux nous décrit la seule transformation qui a été opérée à l'orgue, le reste étant du domaine de l'entretien, si ce n'est une transformation des boursettes des sommiers du Grand-Orgue et de la Pédale, comme nous l'ont révélé les visites de l'orgue avant sa dernière restauration.
Salomon Eyckmans, autre successeur, effectua des accords. Si l’on sait que celui-ci proposa en 1957 des travaux pour la somme de 80.500 francs, on ne sait s’ils ont été exécutés.
Par la suite, l'instrument a été entretenu jusqu'à un passé plus ou moins proche, mais on distingue encore des réparations à des grands tuyaux qui, cependant, ne sont pas de grande qualité.
TRAVAUX
Année début 1922
Particularités A la visite de l’instrument on constate une série de travaux réalisés mais qui ne seraient pas tous de la même main
Type de travaux Selon la lettre de la Maison Van Bever-François Draps, successeur, une série de travaux à l’orgue sont recommandés afin «d’en améliorer le fonctionnement».
Notons : « Réparer les diverses fuites, nettoyer et corriger les soupapes de la soufflerie. Réparer les garnitures du pédalier et pédales des combinaisons. Pour autant qu’elle soient accessibles, serrer les vis des fermetures, panneaux, équerres et pièces mécaniques. Régler le mécanisme des claviers et du pédalier. Afin d’augmenter la force de la machine pneumatique, l’axe des leviers du Grand-Orgue et de l’accouplement sera déplacé. Accorder les jeux de l’orgue. Ce travail est estimé à la somme de Quatorze cent francs (1.400 frs)… »
A l’exception du travail sur la machine pneumatique, visible encore actuellement, le reste est du travail d’entretien.
Nom du facteur François Draps
Lieu de l'atelier Laeken-Bruxelles
Particularités Des travaux ont été réalisés, très certainement après l’intervention précédente, toutefois sans pouvoir les dater ni en identifier l'auteur
Type de travaux On doit constater des soudures assez grossières notamment sur des pavillons de jeux à anche mais aussi le remplacement des boursettes. Des sommiers du Grand-Orgue et de la Pédale par un système à rondelles perforées en matière synthétique et encastrées dans une latte en contre-plaqué et collée sur la laye. Le jonc a laissé place à un fil de laiton qui relie chaque vergette à sa soupape.
Année début 2004
Année fin 2006
Type de travaux Restauration fondamentale de l'instrument dont la tuyauterie (sauf les grands tuyaux en bois reparés sur place), les sommiers, la soufflerie, les leviers pneumatiques et une bonne partie des mécaniques ont été démontés et restaurés en atelier. A cette occasion, les trois jeux neufs prévus par Pierre Schyven ont été réalisés dans le style de l'orgue et d'après les renseignements existant à la Synagogue mais aussi d'après, entre autres, l'orgue de Saint-Boniface à Ixelles. Ont été rétablies les boursettes qui avaient été modifiées récemment. Un nouveau moteur silencieux et à bas régime a pris place à côté de l'orgue dans un caisson insonore. La tuyauterie souffrant d'affaissement, principalement dans les graves, a été encore mieux soutenue grâce au placement de grilles supplémentaires. La rosace du bâtiment donnant dans l'orgue, un double-vitrage en MDF et plexiglas a été réalisé sur mesure et placé lors des travaux.
L'instrument a été inauguré en avril 2004 lors d'un concert rediffusé par la RTBf et la VRT avec la participation du Cantor et du chœur de la Synagogue dirigé à cette occasion par Dirk De Moor et de Xavier Rivera, organiste et chef de la Synagogue et de François Houtart, organiste et auteur de projet.
Nom du facteur Guido Schumacher
Lieu de l'atelier Baelen, Belgique
Nom de l'auteur François Houtart
DOCUMENTATION
Type Documentation
Titre Lettre
Auteur Pierre Schyven
Références Musée juif de Bruxelles, rue des Minimes, 1000 Bruxelles
27/09/1878
Type Documentation
Titre Lettre
Auteur Pierre Schyven
Références Musée juif de Bruxelles, rue des Minimes, 1000 Bruxelles
14/11/1878
Type Documentation
Titre Lettre
Auteur François Draps
Références Musée juif de Bruxelles, des Minimes, 1000 Bruxelles
10/05/1922
Type Documentation
Titre Cahier des charges pour la restauration de l’orgue Pierre Schyven et informations
Auteur François Houtart
Références Octobre 1996 à 2006
Communauté israélite de Bruxelles
Type Source orale
Origines Xavier Rivera