Historique 1. Construction (attribuée à l’un des facteurs bruxellois Smets)
Selon une brochure consacrée à l’église (1), l’orgue fut commandé par le curé Vermeulen en 1762 (2). Si l’information est exacte, on pourrait penser à une œuvre du bruxellois Egide Le Blas (°ca 1700-†ca 1768) puisque ce facteur était alors chargé de la maintenance de l’orgue de l’abbaye voisine.
La consultation des comptes de l’église, conservés de 1653 à précisément 1762, n’a pas donné la moindre information sur un éventuel orgue, cet instrument n’étant jamais signalé, ni d’ailleurs une quelconque rémunération à un organiste. En particulier, le dernier exercice comptable conservé pour l’Ancien Régime et correspondant à 1760/62 — année prétendue de la commande d’un orgue par le curé Vermeulen — est muet à ce propos.
Il reste que l’église paroissiale possédait déjà un orgue avant la Révolution française. En effet, l’épitaphe de la dalle funéraire de l’organise Egide Platteau nous le confirme. Voici la transcription de ce texte, gravé sur une pierre bleue en forme de losange, enchâssée dans le mur du transept gauche, à l’extérieur :
†
RUST
PLAETSE
VAN
AEGIDIUS PLATTEAU
ORGANIST DER EDELE
ABDYE VAN VORST. TEN TYDE
VAN 52 JAEREN EN 25 DEZER
PROCHIE STERFT DEN 28
AUGUSTUS 1792 OUD 68
JAEREN 5 MAENDEN
REQU[I]ESCAT
IN PACE
(Traduction: Sépulture d’Egide Platteau, organiste de la noble abbaye de Forest durant 52 ans et pendant 25 dans cette paroisse ; il mourut le 28 août 1792 à l’âge de 68 ans et cinq mois. Qu’il repose en paix.)
Platteau étant mort en 1792 après 25 ans de service dans l’église paroissiale, celle-ci devait donc posséder un orgue depuis 1767 au moins.
Ajoutons que Platteau fut un organiste estimé et soucieux de suivre l’actualité musicale de son temps puisqu’il figura sur la liste des souscripteurs du deuxième livre de clavecin que le compositeur Dieudonné Raick, organiste de la cathédrale de Gand, publia en 1751 ou peu après (3). Le 17 mai 1772, il servit de témoin à la signature de la commande d’un nouvel orgue pour l’abbaye, une entreprise confiée à Jan Smets (4).
Il reste que, même si l’église Saint-Denis posséda un orgue à partir des années 1760, rien ne nous dit que cet instrument survécut à la Révolution française et qu’il ne fut pas remplacé par un autre, peu après la réouverture de l’église, et dès que l’état des finances le permit.
L’orgue actuel de l’église Saint-Denis, si l’on admet qu’il date du début du XIXe siècle, se trouvait déjà ici en 1810, puisque sa présence est alors attestée, sachant que le sacristain fut rémunéré pour l’avoir joué aux messes du samedi dans le cadre d’une fondation créée par la Demoiselle Barbara Hertogen en 1456 (5).
Une autre source confirme que l’orgue était bien présent depuis au moins 1827. En effet, le registre des procès-verbaux des réunions du Conseil de fabrique, ouvert cette année, ne fait jamais état de l’instrument, si ce n’est pour la première fois en 1862, à l’occasion de la confection de nouveaux soufflets (6).
Le registre précédent, commencé à la réouverture de l’église en 1801 et qui porta jusqu’en 1826, aurait dû nous apporter la réponse aux questions de la paternité et de l’ancienneté précises de l’orgue, mais ce cahier reste introuvable, à la cure de Forest, aux Archives générales du Royaume, comme à celles de l’Archevêché de Malines. Quant au contrat de commande — un document qui nous aurait fourni des informations techniques de première main —, il semble qu’il n’ait pas été conservé. Dans le même contexte, il nous est apparu superflu de consulter les actes de notaires, à partir du moment où après le Concordat, les fabriques d’églises acquirent juridiction propre pour traiter, sans passer par un notaire, contrairement à ce qui avait été le cas jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.
Ajoutons que l’absence de ces informations ne constitue pas un handicap pour l’approche de la restauration à venir, puisque les indications que fournit le sommier, toujours original, sont pratiquement sans équivoque.
Il reste que, dans l’approche de la paternité de l’orgue de Forest, il existe un document d’un intérêt fondamental, en ce sens qu’il vient confirmer notre intuition — déjà exprimée dans notre avant-projet — selon laquelle l’instrument pourrait être l’œuvre de l’un des facteurs d’orgues bruxellois Smets.
En effet, la comptabilité de 1823 à 1830 relate que l’entretien de l’instrument fut confié à l’un des facteurs d’orgues de ce nom, et il était d’usage que cette charge fût assurée, aussi longtemps que possible, par le constructeur même. Les montants alloués (de 3 à 12 florins) ne suggèrent que de simples travaux de maintenance et ne constituent malheureusement pas, pour l’historien, l’indice d’une nouvelle construction (7).
Toujours dans le même contexte, il n’est pas inintéressant de signaler une œuvre de 1802 du facteur d’orgues J. Smets ; il s’agit de la rénovation de l’orgue de Rossem (Brabant flamand) et dont la composition allait parfaitement correspondre à celle de Forest (8) :
< Bourdon 8'
< Prestant 4'
< Fluyt 4'
< Octave 2'
< Nazard 3'
< Sexquialter [II] b+d
< Cornet
< Mixture
< Trompet [8'] b+d
< Tremblant
< Ventil
Le clavier devait être porté à 54 touches, comme c’est le cas de l’orgue de Forest. Seule différence : ce dernier comporte en plus un second jeu d’anches ; à part cela, la conformité est totale.
2. Entretien par Pierre-Hubert Anneessens
(au moins depuis 1876 et en 1877)
Après 1830, il y a une lacune dans la comptabilité jusqu’en 1876. L’exercice comptable de cette année a révélé que l’entretien de l’orgue était alors confié à Pierre-Hubert Anneessens, un facteur très renommé, installé à Ninove, et fondateur d’une maison qui perdure aujourd’hui à Menin, quoique sous une autre dénomination.
Pierre-Hubert Anneessens était né à Londerzeel le 3 novembre 1810 et mourut à Ninove le 14 février 1888 (9). Après un écolage qui s’effectua, pense-t-on, chez le bruxellois Johannes Stephanus Smets, puisqu’il lui succéda en plusieurs endroits, il commença à travailler à titre personnel en 1831. Disons en passant que cette continuité que nous observons à Forest pourrait aussi constituer un argument en faveur de la paternité de l’orgue de Forest à l’un des facteurs Smets.
Ici, Anneessens perçut 10 francs en 1876 pour avoir accordé l’orgue et 25 francs l’année suivante pour entretien et réparation (10). En 1878, l’entretien fut assuré par le sacristain — l’organiste Joannes Josephus Vanderdoodt — qui toucha 25 francs (11).
3. Entretien par J.-M. et J.-P. Smeetz
(1879 à 1894 au moins)
À partir de 1879, on s’adressa à un facteur d’orgues plus proche: J.-M. Smeetz, établi 10 place du Concordat à Kuregem. On sait encore très peu de choses à propos de ce facteur qui semble d’intérêt secondaire (12), si ce n’est qu’il participa à la formation du jeune Emile I Kerkhoff quand, en 1873, à la mort de Rogier-Joseph, père de ce dernier (13), Smeetz assura l’achèvement du remontage de l’orgue de Gozée avec l’aide du jeune fils. Smeetz — tantôt J.-M. ou J.-P. (son frère ou son fils ?) — assura l’entretien de l’orgue de Forest jusqu’en 1894 au moins (14).
Considérant leur montant, des travaux de quelque importance furent donc effectués en 1892, mais le détail n’en est pas rapporté.
En 1883, l’orgue fut bien repris dans l’inventaire du mobilier qui fut dressé le 15 novembre de cette année(15). Avec le jubé (lire la tribune), il fut estimé à 4.000 F.
4. Entretien par Salomon Van Bever
(1901 à 1916)
Au moins depuis 1901, l’entretien de l’orgue fut confié à Salomon Van Bever dont l’atelier était situé 62 rue Princesse Clémentine à Laeken (16 et 17). Salomon Van Bever (° Laeken 1851), frère cadet d’Adrien (° Laeken 1837 - † Laeken 1895) avec qui il collabora, fut un facteur de premier plan. Après avoir passé une année dans l’atelier d’Aristide Cavaillé-Coll à Paris, il reprit avec Adrien le matériel d’Hippolyte Loret et s’installa à Laeken. Les deux frères ouvrirent bientôt une succursale à Amiens, laquelle fut dirigée par Salomon ; elle exista jusqu’en 1904. Les chefs-d’œuvre de Salomon sont l’orgue de l’église Saint-Sauveur à Lille (1903) et la reconstruction de celui de l’église Notre-Dame de Laeken (1912). Après avoir exercé une activité énorme, d’une qualité traditionnelle et jamais mise en défaut, Salomon Van Bever mourut à Laeken le 27 décembre 1916. Il fut l’un des meilleurs facteurs d’orgues romantiques en Belgique.
5. Entretien par François Draps (1917 ? - 1928 au moins) et
déplacement de l’orgue au nouveau jubé latéral (1926)
François Draps (° Jette 1863 - † Jette 1946), neveu de Salomon Van Bever, fut engagé en 1886 dans la manufacture familiale comme ouvrier. Il devint plus tard chef d’atelier, s’occupant plus précisément de l’élaboration des projets de buffets d’orgue. Au décès de Salomon survenu fin 1916, François Draps prit la direction de l’entreprise, toujours située rue Clémentine à Laeken, sous la dénomination de “Van Bever Frères”.
En relation avec l’orgue de Forest, il perçut en 1925 une somme de 188 F pour “diverses réparations et accord (19). Nous pensons toutefois qu’il fut actif ici dès la mort de Salomon : en effet, s’il y a une lacune dans les pièces à l’appui des comptes, il dut certainement y avoir une continuité dans la charge de l’entretien, passant de Van Bever à ses successeurs Draps et, plus tard encore, Eyckmans, comme on le verra.
Toujours est-il que l’orgue allait connaître ses derniers jours à son emplacement original, à la tribune adossée au pignon ouest. Une ancienne photographie conservée à la cure, et que nous reproduisons ici, nous le montre encore. Le buffet était posé légèrement en retrait de l’arcade. La balustrade, plane et aux panneaux aveugles en bois, s’étalait sur toute la largeur de la nef, le rebord venant à hauteur du haut des chapiteaux des premières colonnes. Les tourelles du buffet étaient surmontées d’annexes sculptées : des pots à feu aux angles et une composition indéterminée sur la tourelle médiane.
En 1925-1926, on procéda à une restauration importante de l’église Saint-Denis, sous la direction de l’architecte G.C. Veraart. Désirant dégager la pureté des lignes architecturales, on supprima la tribune d’orgue et le grand portail en bois qui la supportait : il est vrai que ce portail était un ouvrage massif. Il fallut trouver un nouvel emplacement pour l’instrument. Après avoir abattu, dans un même esprit de pureté architecturale, l’ancienne “geesthuys” ou maison du Saint-Esprit — un édifice du XVIe siècle accolé à l’église contre le côté sud, juste avant la tour et qui servait de lieu de charité et d’habitation au sacristain — on trouva opportun de construire à son emplacement une tribune en maçonnerie et d’y reposer l’orgue. Signalons en passant que l’organiste était alors un certain Bouvauraux.
Ce déménagement fut tout naturellement confié à François Draps qui avait déjà en charge la maintenance de l’instrument. Le démontage, le replacement avec “fournitures diverses au sommier, soufflerie et mécanisme”, le remontage suivi du réaccordage coûtèrent 2.865 F et la facture en est conservée (20).
Il s’agissait d’une somme assez considérable et les quelques opérations rapportées ne reflètent en rien l’ampleur du travail. En effet, c’est à ce moment que l’on fit passer le clavier de l’arrière à l’avant de l’instrument, ce qui impliqua une inversion complète de toute la mécanique. Cette opération s’était trouvée indispensable, sauf quoi l’organiste n’aurait plus eu aucune vue sur le chœur. En effet l’orgue fut posé avec sa façade tournée vers l’est, la balustrade étant à droite de l’organiste, comme nous le montre encore une ancienne photo réalisée en 1943 par les services photographiques du Cinquantenaire (21).
Attardons-nous à ce document car sa netteté est exceptionnelle et il nous fournit quantité de détails sur cette tranche de vie de l’orgue.
Le nombre de tirants de registres avait diminué depuis l’origine puisqu’on n’en dénombrait déjà plus que six à gauche et cinq à droite, contre sept de chaque côté, initialement, comme l’attestent toujours aujourd’hui les traces des percements. Cette photographie est à ce point nette que l’on peut déchiffrer les inscriptions des étiquettes de registre:
< Cornet
< [trou d’insertion bouché]
< Bourdon 8'
< [trou d’insertion bouché]
< Flûte 4'
< Prestant 4'
< Fourniture
< Doublette 2'
< Trompette 8' haute
< Montre 8'
< Hautbois
< Trompette 8' basse
< [trou d’insertion bouché]
< Clairon 4'
L’instrument posséda donc à ce moment de son histoire une Montre 8', un jeu qui n’était pas d’origine — il s’agit d’un buffet de 4 pieds — sans doute partiel et inclu entièrement à l’intérieur de l’instrument. Cette Montre prit la place de l’ancien Nazard, comme on peut le constater. Ce document nous apprend aussi que le second jeu d’anches était un Clairon 4'- Hautbois [8'], divisé en basse et dessus.
Concernant le buffet, ce document révèle que, compte tenu de l’exiguïté de cette nouvelle tribune — en particulier de sa faible hauteur —, les chapeaux des tourelles avaient été largement entamés ; c’est donc lors du déménagement de 1926 que les annexes sculptées surmontant les tourelles furent éloignées ; elles n’ont jamais été retrouvées et le buffet actuel s’en trouve donc dégarni. Quant à elle, la façade des tuyaux, bien reconnaissable, correspond à celle actuellement en place. On peut aussi observer que les frontons des touches du clavier étaient garnis d’ivoire. La curieuse tablette s’étalant de part et d’autre du clavier, et supportant ce dernier, correspond à celle actuellement en place.
Deux panneaux grossiers et superposés fermaient le soubassement en dessous du clavier. Il s’y trouvait une grande encoche verticale, comme pour recevoir une pédale pour le pied droit, sans doute pour actionner une pompe permettant le jeu de l’orgue sans l’aide d’un souffleur.
Le transfert de l’orgue de Saint-Denis par François Draps fut certainement son dernier grand travail, puisque peu après 1925, après 40 ans d’activités professionnelles, il se retira, laissant progressivement son atelier à Salomon Eyckmans, filleul de Salomon Van Bever.
Toutefois, en 1928 encore, il perçut 70 francs pour accord de l’instrument et 130 francs pour avoir “réparé des cornements et collage à la soufflerie” (22).
Signalons enfin que toutes les activités de François Draps signalées dans ce chapitre se trouvent confirmées dans ses archives d’atelier (23).
6. Entretien par Salomon Eyckmans (1937-1947)
L’entretien de l’orgue fut ensuite confié à Salomon Eyckmans, lequel fut en quelque sorte un continuateur de la maison Van Bever, après François Draps. Eyckmans naquit à Laeken le 8 juillet 1889 ; il fut le filleul de Salomon Van Bever dans l’atelier duquel il entra à 14 ans comme apprenti. Il devint bientôt chef d’atelier, s’occupant surtout de l’harmonisation des instruments (24). En 1925, il reprit l’atelier de François Draps et vint résider 46 rue Emile Wauters à Laeken.
À Forest, Eyckmans accorda l’orgue en 1937 pour 50 francs. L’année suivante, il vint à nouveau accorder et répara la soufflerie, le tout pour 65 francs. En 1942, il toucha encore la même somme (25). Le livre dans lequel Eyckmans tenait sa comptabilité révèle qu’en 1944, ce facteur perçut 85 francs pour accord et réparations. L’année 1947 fut l’occasion d’une dépense plus importante: 254 francs pour “accord et réparations aux orgues” ; le détail des opérations n’est pas spécifié.
Salomon Eyckmans travailla jusqu’en 1963. Il mourut à Laeken le 7 octobre 1978. S’il ne construisit jamais à proprement parler, il assura avec grand respect le bon fonctionnement de quantité d’instruments sortis de l’atelier de Van Bever.
C’est donc du début du XXe siècle au moins et jusqu’en 1947, soit pendant quasi un demi-siècle, que la maintenance de l’orgue de Saint-Denis fut confiée aux Van Bever et leurs successeurs directs. Tous furent des facteurs de premier plan et nous leur sommes redevables du bon état de conservation de la tuyauterie rescapée.
7. Déménagement de l’orgue au sol, puis
amorce de restauration par l’Abbé Robert Mathot (ca 1960).
Au début des années 1960 et dans l’esprit de la nouvelle liturgie issue du concile Vatican II, l’orgue a été descendu de la tribune latérale de 1926 pour être posé au sol, dans la chapelle de la Vierge remplaçant le transept gauche. Cette opération fut effectuée par des amateurs bénévoles. L’abbé Robert Mathot(26) (° Wanlin 1917), curé à Engreux puis à Buzet et facteur d’orgues autodidacte, entreprit ensuite un travail de restauration quand le 22 janvier 1973, la mort le surprit à Buzet.
Sa grande générosité l’avait porté à accepter de nombreux travaux qu’il ne put que rarement achever. À son décès, son atelier contenait un abondant matériel issu de divers instruments en attente de restauration, et non étiqueté. Une vente publique dispersa définitivement ces vestiges qui, débarrassés de leur contexte, étaient devenus sans grande valeur. Nous imaginons que c’est alors que disparurent plusieurs jeux de l’orgue de Forest, dont la Trompette. Toujours est-il qu’un organiste a encore aujourd’hui un souvenir précis de leur présence et de leur qualité (27).
8. Travaux de la manufacture d’orgues Thomas (1971-1972)
À la mort de l’abbé Mathot, André Thomas (28), facteur d’orgues à Ster-Francorchamps, se vit confier la reprise en mains de l’instrument. Il s’agissait d’un travail ingrat : plusieurs jeux ne furent jamais retrouvés. On aurait aussi voulu partir sur une base meilleure en revoyant le sommier en atelier, mais les moyens financiers ne le permirent pas. On dut se contenter de disposer des rondelles spéciales entre les glissières et les chapes. Quant à l’alimentation en vent, on dut se limiter à un soufflet vertical enchâssé dans le soubassement du buffet. L’ancienne mécanique fut simplement réglée. Des cinq jeux rescapés (Bourdon 8', Prestant 4', Flûte 4', Doublette 2' et Cornet), seuls les trois premiers cités furent débosselés, harmonisés et mis en accord. Le Cornet fut simplement reposé et est toujours débranché. En août 1971, le même facteur replaça le pédalier et posa une Fourniture neuve de 3 rangs, à 50 % d’étain (29).
Divers travaux de menuiserie furent rendus nécessaires, par la descente de l’orgue : reconstitution des chapeaux de tourelle qui avaient été largement entamés, nouvel habillage du soubassement en dessous du clavier, pose d’une plinthe sur trois côtés, etc.
Signalons enfin pour l’anecdote que du côté intérieur de la porte s’ouvrant sur le flanc droit du buffet figure l’inscription suivante à la craie et en grandes lettres:
Leg hier
de 79.000 Frank
voor 10/6 - 19 h 30
of je leven
voor
11 h
[s] KARL
(Traduction: Déposez ici les 79.000 francs pour le 10/6 à 19h30, sinon [vous perdrez] la vie avant 11 h. [s] KARL)
À croire que le soubassement de l’orgue servit de cachette pour une rançon exigée…!
9. Un cahier des charges pour la restauration fondamentale de l'orgue a été établi par Roland Servais et Jean-Pierre Felix en avril 2002.
NOTES
1. Cité par F. HOUTART, "[L’Orgue de l’]Église de Saint-Denis - Forest" art. cit., Dossier : "Patrimoine organistique de la Région de Bruxelles - Capitale", La Renaissance de l'Orgue, asbl. Etude, avec croquis et photos, réalisée en l'absence des nombreuses archives à recenser. Noter que dans l’article cité, le cliché représentant le buffet est erronément légendé “orgue de l’église Saint-Denis, Anderlecht”. Si cette étude est pertinente sur le plan technique, nous ne suivons pas tout à fait l’auteur à propos de certains détails, notamment quand il affirme que le buffet “a été récemment complété par des éléments simplifiés comme les demi-cônes des culs-de-lampe”; en effet, ils apparaissent déjà sur une photographie de 1943, et sont pour nous d’origine.
2. Joannes Vermeulen natif de Malines, fut effectivement curé de Saint-Denis ; il fut nommé en 1743 et mourut en 1768. Voir : Malines, Archives de l’Archevêché de Malines-Bruxelles / Historisch Archief, Fonds de Forest (Saint-Denis), Liste des curés en annexe au manuel des revenus de la cure de Forest en 1768.
3. G. HUYBENS, "Organisten in de Zuidelijke Nederlanden tijdens de tweede helft van de 18de eeuw (I)", dans Orgelkunst, XXI, 1998, n° 4, pp. 157-182.
4. J.-P. FELIX, "Orgues, organistes et carillon de l’abbaye et de la paroisse Saint-Denis à Forest", art. cit.
5. MALINES, Archives de l’archevêché de Malines-Bruxelles / Historisch Archief. Fonds de Forest (paroisse Saint-Denis) : Lyste der jaergetyden &tc in de parochiale kerke van Vorst :
[...] Uytgeef aan de dienst van onze L: Vrouw gefondeert door jouffrouw Barbara Hertogen ten jaere 1456.
[...] Item aan den Coster voor ‘t spelen van het orgel in de saterdaegsche messen a loven, seven gulden: 7 - 0 - 0.
[...] Ingegeven op den 5 december 1800 elf. Ook ingeven het vorleden jaer.
[s] L.C. Timmerman, curé de Forest
6. BRUXELLES, AGR, AE n° 28.290: procès-verbalen van de zittingen van kerkfabriek (1827-1866), (pas de pagination) : Als ook heeft den fabriek raad besloten nieuwe blaesbalken te doen maken en de orgel te verplaatsen. Vorst den 5 october 1862.
7. MALINES, Archives de l’archevêché de Malines-Bruxelles, Fonds de Forest (église Saint-Denis): Comptes des recettes et dépenses de la fabrique (1823-1830) :
26.- Item aen den orgel repareerder Smets by quitt[anti]e 12 [guldens] 13 [stuyvers] 2 [oorden].
40.- Item aan den orgelmaeker Smets by quitt[anti]e 3, 10, 0.
50.- Item aan der orgelmaker Smets bÿ quitt[anti]e 7, 0, 0.
85.- Item aen Sieur Smets orgelmaeker bÿ quitt[anti]e 7, 0, 0;
88.- Item aen Sieur Smets orgelmaeker bÿ quitt[anti]e 7, 0, 0;
98.- Item aen Sieur Smets orgelmaeker bÿ quitt[anti]e 3, 10, 0;
8. P. ROOSE, "Het orgel te Rossem van J. Smets uit 1802", in Orgelkunst, XXII, 1999, n° 1, pp. 48-50.
9. J.-P. FELIX et H. ROELSTRAETE, art. Anneessens dans M. HAINE et N. MEEÙS, "Dictionnaire des facteurs d’instruments de musique en Wallonie et à Bruxelles du IXe siècle à nos jours", P. Mardaga, Liège, 1986, pp. 25-32.
10. FOREST, Archives à la cure de Saint-Denis, pièces à l’appui des comptes de 1876 et 1877.
11. Ibidem pour 1878. Joannes Josephus Vanderdoot fut “custos” (sacristain) et aussi organiste de 1832 au moins, jusqu’à 1879. Voir : MALINES, Archives de l’archevêché / Historsich Archief, fonds de Forest (Saint-Denis) : Visites décanales.
12. J. PILNA, art. Smeetz dans: M. HAINE et N. MEEÙS, "Dictionnaire…" op. cit., p. 383.
13. J.-P. FELIX, "L’orgue de Gozée (1763)", une œuvre de Guillaume Boutmy, facteur d’orgues de la Cour à Bruxelles, in Mélanges d’Organologie, Vol. IV, l’Auteur, Bruxelles, 1999, pp. 90-98.
14. FOREST, Archives à la cure de Saint-Denis. Pièces à l’appui des comptes de 1879 à 1902:
1879: J.M. Smeetz, 25 F pour entretien et réparations
1880: J.M. Smeetz, 17.50 F pour réparation
1881: J.M. Smeetz, 10 F pour accord et réparations
1882: J.M. Smeetz, 10,50 F “pour réparation et raccordement de l’orgue”
1884: J.M. Smeetz, 11 F “pour raccordement de l’orgue”
1885: J. Smeetz, 25 F
1886: J.P. Smeetz, et 10 + 15 + 12 + 10 F pour réparations et raccordement
1887: J.P. Smeetz, 8 + 10 F
1888: J.M. Smeetz, 12 + 12 F
1892: J.P. Smeetz, 60 + 10 + 12 F
1894: J.M. Smeetz, 36,50 + 15 F
15. FOREST, Archives à la cure de Saint-Denis. Annexe libre au registre intitulé : "Tableau de fondation à la charge de la fabrique de Saint-Denis à Forest, 1883” :
- “une orgue et pupitres pour musiciens. Au jubé.”
- “les orgues avec le buffet et jubé: 4.000 [F].”
16. Cl. CHARLIER, art. Van Bever, dans M. HAINE et N. MEEÙS, "Dictionnaire", op. cit., pp. 411-414.
17. J.-P. FELIX, "Inventaire descriptif des archives des facteurs d’orgues Van Bever de Laeken-Amiens (1880-1916)", vol. 1, Bruxelles, l’Auteur, 1989, p. 130.
18. FOREST, Archives à la cure de Saint-Denis. Pièces à l’appui des comptes de 1912 à 1916 : le facteur perçut 25 F en 1912 et 45 F les autres années.
19. FOREST, Archives à la cure de l’église Saint-Denis. Pièce à l’appui des comptes de 1925.
20. FOREST, Archives à la cure de l’église Saint-Denis. Pièce à l’appui des comptes de 1926, article n° 32 :
Manufacture d’orgues d’Eglise et de Salon
Harmoniums
Ancienne Maison Van Bever
FRANCOIS DRAPS
62, rue Princesse Clémentine, Laeken-Bruxelles
Liège 1905
Grand Prix
————
Ventilateurs électriques
La Fabrique d’église St-Denis à Foret [sic] Doit
Le 2 Juin 1926
1926 : Démontage de l’orgue et son déplacement.
mars : Réparations avec fournitures diverses au sommier, soufflerie et mécanisme
avril : Remontage de l’orgue, nettoyage et réparation avec soudure de tuyaux.
Réaccordage des jeux de l’orgue.
Total: francs 2.865,00
21. BRUXELLES, Photothèque de l’Institut royal du Patrimoine artistique, cliché n° 57.487 B, de 1943.
22. FOREST, Archives à la cure de Saint-Denis. Pièces à l’appui des comptes de 1928.
23. J.-P. FELIX, "Inventaire descriptif des archives des facteurs d’orgues Van Bever", op. cit., vol. 1, p. 130.
24. Cl. CHARLIER, art. Eyckmans, dans M. HAINE et N. MEEÙS, "Dictionnaire", op. cit., p. 164.
25. FOREST, Archives à la cure de Saint-Denis. Pièces à l’appui des comptes (1937 à 1942). Ces informations trouvent une confirmation dans les archives d’atelier ; voir J.-P. FELIX, "Inventaire descriptif des archives des facteurs d’orgues Van Bever", op. cit., vol. I, cote D-VII, 2: registre intitulé “Memento 1926” (= livre d’accords de Salomon Eyckmans, de 1937 à 1963).
26. F. LOCHNER, art. Mathot, Robert, dans M. HAINE et N. MEEÙS, "Dictionnaire", op. cit., p. 284.
27. Aimable communication d’Etienne Leuridan.
28. Michel STOCKHEM, art. Thomas, dans M. HAINE et N. MEEÙS, "Dictionnaire", op. cit., pp. 400-402.
29. Communication d’André Thomas à J.-P. Felix en 1982.
TRAVAUX
Année début 1879
Année fin 1894 au moins
Type de travaux Réparations non précisées
Nom du facteur Smeetz
Lieu de l'atelier Kuregem
Année début 1917 ?
Année fin 1925 (et 1928)
Type de travaux Réparations diverses et déplacement de l’orgue vers une nouvelle tribune avec restauration et transformation de la console
Nom du facteur François Draps
Lieu de l'atelier Laeken
Année début 1937
Année fin 1947
Type de travaux Accords et réparations diverses, non précisées si ce n'est une au soufflet
Nom du facteur Salomon Eyckmans
Lieu de l'atelier Laeken
Année début ca 1960
Type de travaux Déménagement de l’orgue au sol, et début de restauration. Perte de matériel à la mort de Mathot.
Nom du facteur Robert Mathot
Lieu de l'atelier Montleban
Année début 1971
Type de travaux Restauration sommaire du sommier, débosselage et harmonie de trois jeux, remplacement du pédalier, restauration du buffet, pose d’une Fourniture neuve
Nom du facteur André Thomas
Lieu de l'atelier Ster-Francorchamps
Année début 1876
Année fin 1877
Type de travaux Accord, entretien et raparation
Nom du facteur Pierre-Hubert Anneessens
Lieu de l'atelier Ninove
Année début 1901 au moins
Année fin 1916
Type de travaux Entretien de l'orgue
Nom du facteur Salomon Van Bever
Lieu de l'atelier Laeken
Année début 1997
Année fin 2009
Nom du facteur Manufacture Thomas
Lieu de l'atelier Ster-Francorchamps
Nom de l'auteur Dominique Thomas
DOCUMENTATION
Type Documentation
Titre Cahier spécial des charges pour la restauration de l’orgue Saint-Denis à Forest. Avril 2002.
Auteur Jean-Pierre Felix et Roland Servais
Origines Fabrique d’église
Type Article
Titre "Orgues, organistes et carillon de l’abbaye et de la paroisse Saint-Denis à Forest"
Description Compte-rendu et analyse des archives de la paroisse, histoire et analyse de l'orgue, de ses déplacements dans l'église, des organistes successifs. Photos.
Auteur Jean-Pierre FELIX
Références L‘Organiste, n° XIV, 1982, n° 3, p. 91-109.
Editeur E. De Vos. Rue Romainville, 25. 4520 Bas-Oha. 085
Type Livre
Titre "L’orgue de l’Eglise Saint-Denis – Forest", in La Renaissance de l’Orgue, n° 4, p. 5-9, 1992
Description Périodique photocopié de format A5
Auteur François Houtart
Editeur François de Viron, Corbais
Type Dossier
Titre Dossier : Patrimoine organistique de la Région de Bruxelles-Capitale : Eglise Saint-Denis à Forest.
Eglise St-Denis
Abbaye de Forest
L'orgue du XVIIIe siècle
par François Houtart
La Renaissance de l'Orgue, asbl
Description Documents de 17 pages verso de format A4 avec introduction historique sur l'église, description détaillée du buffet et du contenu de l'orgue. Il y a divers croquis à main levée avec mesures et photos.
Auteur François Houtart. Visites et rédaction du 4 au 6 septembre 1992.
Origines Bruxelles
Références La Renaissance de l'Orgue, asbl (dissoute en 1993). François de Viron à Corbais